Le quotidien en Ayiti est pétrifié par le kidnapping. Chaque jour, des gens sont victimes de cette pratique qui fut autrefois exclusivement bourgeoise, mais qui a subi aujourd’hui un déplacement. Il devient aussi l’affaire de petits gens, de groupes armés habitant les quartiers populaires, défavorisés.
Les bandits recherchent-ils de nouvelles sources de financement ? D’un directeur de banque à un vendeur d’alcool, un cireur de botte, un chauffeur de taxi, un élève, un directeur d’école, les kidnappeurs assoiffés d’argent frappent les portes de tout le monde. Tout le monde peut faire l’objet de proie à ce phénomène.
Pendant que la population vit cette tragédie quotidienne, les autorités étatiques et politiques se voilent la farce en essayant d’exploiter l’insécurité généralisée à leur avantage. Exploiter la douleur, la souffrance, la mort des gens pour satisfaire leurs ambitions politiques ! Quel humanisme !
Le questionnement demeure: comment le pouvoir pourrait-il être bénéficiaire du kidnapping ? Comment l’opposition pourrait aussi tirer profit de cette pratique ?
Les proches du pouvoir en place pointent du doigt l’opposition d’être derrière ces actes odieux et inhumains dans le but de fragiliser la vie sociale afin de provoquer le départ de Jovenel Moise. À force que l’insécurité traumatise la population, il y aurait plus de possibilités pour que Jovenel Moise laisse le pouvoir. L’opposition a tout à gagner dans un autre peyi lòk, soutiennent des défenseurs du pouvoir sur les réseaux sociaux. L’opposition est vue comme l’acteur du chaos.
Toutefois, l’opposition dans ses prises de position fait appel à l’article 134-2 de la Constitution pour soutenir la fin du mandat du président Moise le 7 février 2021. Alors que le président pense dans une logique mathématique qu’il quittera le Palais national 7 février 2022.
Les opposants quant à eux critiquent le pouvoir d’être incapable de faire régner la paix dans la société. Ils accusent le PHTK d’être à la base de la fédération des gangs sous l’appellation G9 an fanmi e alye. À cet effet, le pouvoir utiliserait ses gangs pour terroriser la population afin de faire avorter toute tentative de manifestation anti-gouvernementale. À force d’avoir peur, la population ne gagnerait pas les rues pour dénoncer et exiger le départ le président.
D’ailleurs, lors des manifestations des membres de G9 – pendant que quelques d’entre eux sont apparemment recherchés par les forces de l’ordre –, la police n’a pas recouru à la violence, comme ce fut le cas pour les autres manifestations. Pas d’usage de gaz lacrymogène, de balles réelles ni en caoutchoucs.
Suivant cette lecture, ces deux groupes pourraient être – séparément –à la base de cette insécurité généralisée pour satisfaire leur ambition politique.
Quoiqu’il en soit l’indifférence est au rendez-vous. Et qu’il s’agit de l’opposition ou du pouvoir en place, la vie de la population n’a aucune valeur. Parce que ce qui les intéresse, c’est d’aboutir à leur fin. Le pouvoir – diriger le pays jusqu’au 7 février 2022 – ; l’opposition – renverser le pouvoir le 7 février 2021 –. Est-ce que l’opposition a les moyens de stopper le kidnapping, de réduire l’insécurité en général, si la transition devenait effective ? Que fait le pouvoir pour résoudre le problème de l’insécurité ?
Au prix du sang de la population, ces groupuscules avancent avec leur projet mesquin au moment où la vie de la population devrait constituer la priorité des gens qui dirigent ou qui aspirent à diriger.