Lancée dans un combat pour préserver le patrimoine qu’est le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), la secrétaire générale adjointe des relations internationales du parti, Natacha Daciné, vient de remettre sa démission ce samedi 27 juin 2020, exactement six ans après la mort de Leslie François Manigat, fondateur du RDNP.
Cette démission résulte entre autres de la velléité du Secrétaire général du parti de substituer le vert du RDNP au rose, pour en faire un parti rose et blanc, aux multiples violations des valeurs et des principes du RDNP.
D’ailleurs, soutient Madame Daciné, “Je crois nécessaire de préciser que depuis plus de douze mois je dénonce les multiples violations des règlements internes et des statuts du parti, principalement par le Secrétaire général, M. Éric Jean Baptiste”.
Malgré les sonnettes d’alarme, Père Éternel Loto s’érige en maître et seigneur, et conduit le parti selon ses propres vœux, sans consensus interne.
Elle en a profité pour écrire au feu professeur Manigat pour lui dire les “choses telles qu’elles sont”.
“En ce 27 juin 2020 qui rappelle le sixième anniversaire de ta mort, un an depuis cette lettre que je t’avais écrit, j’ai le regret de te dire que les choses ne se sont pas améliorées”, écrit Natacha Daciné à Leslie François Manigat.
“Certes je me suis laissée guider par ma conviction, nos valeurs et la sagesse de tes paroles pour oser dire les choses telles qu’elles sont. Mais à l’instar de Taubira l’heure est venue pour moi de faire ce que de droit”, poursuit l’ancienne secrétaire générale adjointe.
S’opposant à la propulsion de Père Éternel Loto à la tête du parti, et aux actions de ce dernier qui font de RNDP une structure politique populiste, propagandiste tablant sur la superficialité, Mme Daciné avait proposé aux autres membres du parti d’organiser une convention nationale extraordinaire en date du 28 juin 2019 afin de fixer la position officielle du parti. Et du coup préserver ce patrimoine, que Père Éternel Loto tente à tout prix de traîner au bord du précipice.
Mais, selon une note de remerciement de Natacha Daciné accompagnant la lettre de démission, les membres du parti ont rejeté sa proposition, malgré certains d’entre eux constataient la nécessité d’une telle convention.
“Je refuse d’être complice de l’assassinat de ta mémoire encore moins participer à la “dénaturation” du patrimoine que tu nous a laissés”
“Je refuse d’être complice de l’assassinat de ta mémoire encore moins participer à la “dénaturation” du patrimoine que tu nous a laissés”, dit-elle, en signe de commémorer la mort du feu professeur Leslie François Manigat (27 juin 2014), et du coup montrer la grandeur et l’importance du professeur dans la construction d’une politique responsable et citoyenne basée sur l’éthique, la sincérité et le courage.
Par ailleurs, ces mots de Mme Daciné explicitent sa décision qui résulte d’un mécontentement à l’égard de la direction qu’emprunte le parti avec Éric Jean Baptiste au commande. Il ternit l’image du parti, précise Natacha Daciné.
Il faut surligner que depuis la propulsion de Éric Jean Baptiste en tant que secrétaire général, le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) est au bord de l’explosion. Grognes. Mécontentements. Désaccords. La situation semble être très tendue.
Certains membres, surtout les plus anciens, s’opposent de manière catégorique à la direction que Père Éternel Loto veut donner au parti. Direction propagandiste, populiste, dit-on. Et le patrimoine que représente le RNDP, pour citer Natacha Daciné, semble courir un grand danger avec Père Éternel Loto, selon plusieurs membres qui disent vouloir conserver les vestiges et prestiges de ce patrimoine national.
Tellement mécontents, ils établissent même une distinction entre le RDNP de Père Éternel Loto et le RDNP.
Toutefois, malgré les divergences qui entérinent la vie politique du parti, Éric Jean Baptiste poursuit et persévère dans sa quête pour le pouvoir en exploitant la crise sanitaire de la COVID-19 en vue de construire un momentum politique.
Disant que le RDNP « marche vers le pouvoir », dès son élection en 2018, Père Éternel Loto profite de la vulnérabilité de la population en ce temps pour faire campagne. D’ailleurs, il le revendique. « Quelqu’un qui aspire à diriger doit aider dans ces situations », a-t-il soutenu.
Avec sa campagne dénommée « Bare kowona. Sove lavi », Père Éternel Loto se rend à travers tout le pays pour faire des dons de matériels sanitaires à des hôpitaux, des autorités locales, et des centres carcéraux. Il ne rate aucune occasion pour se faire remarquer sous les projecteurs des journalistes.
Père Éternel Loto a déjà visité et distribué des équipements sanitaires dans plusieurs villes.
Qu’est-ce qui intéresse vraiment Père Éternel Loto ? Est-ce la vie de la population ? Est-ce son momentum politique susceptible de lui garantir les prochaines présidentielles ?
Quoi qu’il en soit, il ne peut pas y avoir d’élections sans les “citoyens” et les “citoyennes”. Donc, contribuer à les garder en vie s’avère être une bonne stratégie pour aller et gagner les prochaines joutes élections ou plutôt les dionysiaques plébiscitaires.
Comment protèger ce patrimoine si l’on démissionne ? Supposons que cette démission laisserait entendre que l’on donne carte blanche à Éric Jean Baptiste de faire bon lui semble ?
Un parti politique ne devrait-il pas avoir de l’opposition en son sein pour faire avancer les choses, pour rallier les lignes ? En quoi démissionner resoudrait-il le problème ?
Si rester dans une situation déplorable ou inconfortable coïnciderait au fait de se conforter, mais fuir ne mettrait pas non plus fin à la situation.
“ Résister c’est parfois rester, résister c’est parfois partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit .”
Une conception à laquelle s’oppose Madame Daciné, si bien qu’elle paraphrase Christiane Taubira qui disait : “ Résister c’est parfois rester, résister c’est parfois partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit .”
Malgré sa démission, Natacha Daciné soutient, pour rassurer ceux et celles qui croient en elle, qu’elle continuera à travailler pour une société équitable “nationalement indépendante, techniquement moderne, économiquement développée, socialement juste, moralement probe et politiquement démocratique”.