Ravagée par le coronavirus, l’Italie voit mal la décision prise par l’Union européenne (UE), 26 mars dernier, de reporter l’examen de mesures plus fortes afin d’atténuer les conséquences économiques et sociales dramatiques liées à la pandémie.
L’ancien président du Parlement européen, Antonio Tajani prédit qu’elle serait “emportée par le coronavirus”, tout en qualifiant l’Europe de “lâche”.
Cette même attitude est reprise par le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, qui dit à une “Europe morte d’aller se faire foutre“, selon le titre du journal Il Fatto Quotidiano.
Cette colère est survenue après avoir sollicité à plusieurs reprises l’aide de l’Union européenne pour soutenir son pays terrassé par le COVID-19.
D’ailleurs, Giuseppe Conte a notamment, avec l’appui de la France, proposé la création de «coronabonds» qui mutualiseraient la dette des États membres. Une option refusée par plusieurs pays du nord de l’Europe, dont l’Allemagne en tête de liste.
“Nous avons dit, du côté allemand, mais aussi de la part d’autres participants, que ce n’était pas la conception de tous les États membres” d’émettre ces emprunts européens communs pour soutenir l’économie, a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel à l’issue d’un sommet organisé en visioconférence le 26 mars dernier.
Aucun accord n’a été trouvé sur des mesures fortes visant à apporter de l’aide aux nations les plus touchées par le coronavirus.
Mise à part les autorités italiennes, la presse italienne s’est déchaînée et mal pris la décision de l’UE.
Pour une partie de la presse, Bruxelles abandonne la péninsule à son sort. Elle n’hésite pas à parler d’une UE «laide» et «morte».
«Si l’UE ne se met pas d’accord, le projet européen est terminé », écrit de manière si catégorique le quotidien italien pro-européen, le plus diffusé du pays, Corriere della Sera.
Il faut signaler que l’Italie est le pays le plus touché par le Covid-19 avec près de 8 200 décès et 82 000 personnes infectées.
Payant le prix fort au niveau sanitaire comme économique, l’Italie réaffirme sa «préférence pour le MES» ou Mécanisme européen de stabilité, un fonds de secours créé en 2012 lors de la crise de la dette et doté d’une capacité de prêt de 410 milliards d’euros.
Le refus des États membres à soutenir les pays ravagés par le Covid-19 met en rogne le Premier ministre Giuseppe Conte qui se sent agacé par le manque de soutien de ses partenaires européens, jusqu’à menacer de refuser de signer la déclaration commune si les autres pays de l’UE n’adoptaient pas des mesures fortes, «avec des instruments financiers innovants et réellement adéquats pour une guerre que nous devons mener ensemble».
Une prise de position qui a eu pour effet de pousser les 27 pays membres à «présenter des propositions dans un délai de deux semaines».
Le quotidien Corriere della Sera parle d’accord «a minima». Il fustige une «union qui ne fait pas la force».
Même son de cloche du côté du pro-européen La Repubblica, qui parle d’une «laide Europe». Pour le quotidien financier Il Sole-24Ore, Bruxelles est «à un tournant». Le journal cite notamment un diplomate qui estime que «quand on compte les morts, on ne compte pas les milliards».
Le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio s’est également montré ferme avec Bruxelles en postant sur son compte Facebook: «Nous attendons de la part de nos partenaires européens de la loyauté, nous attendons que l’Europe fasse sa part, parce que les belles paroles, on ne sait pas quoi en faire.»
«Pendant que l’on meurt et que l’économie s’effondre, les décisions sont renvoyées à dans deux semaines. L’égoïsme masochiste des tenants de la rigueur est myope et dangereux pour tous. »
«Une fois de plus, l’Europe démontre son absence, il n’y a pas de stratégie », critique Luca Zaia, gouverneur de la Vénétie, région particulièrement touchée par l’épidémie.
À rappeler que l’Europe est actuellement le continent le plus touché par la pandémie avec un total de 265 000 cas, et plus de 14 500 morts.
Sources combinées